La création du monde

La Création du Monde
Pour comprendre la création de notre monde, il est essentiel de saisir l’idée que toute loi, toute chose et tout phénomène est strictement régis par la magie. La magie règle la vie, la magie règle la mort, la magie anime les saisons, la magie permet l’évolution… L’entité à l’origine de tous ces phénomènes se nomme la Supra-Divinité, l’essence magique créatrice de notre univers. Alors que l’univers n’était qu’un océan de chaos sans loi ni logique, elle créa à partir de règles physiques rationnelles et définies notre monde stable et concret au sein de cet océan, comme une bulle d’air au sein d’un lac. Le monde tangible dans lequel nous vivons fut créé. À l’instar du chaos duquel la Supra-Divinité origine, nommé monde des rêves par son instabilité et son absence de règles logiques, notre monde, sa création, est dénommé le monde réel. Le concept philosophique de l’âme n’est rien de plus que l’essence magique qui anime toute créature, qu’elle soit magique ou non, comme les hommes et les animaux. À sa mort, l’âme d’une créature retourne toujours à la Supra-Divinité pour être réinsérée dans notre monde sous une quelconque autre forme par la suite.

Pour que toute création soit bien réelle, la présence d’un spectateur qui puisse témoigner de son existence est nécessaire. Ainsi, avec la création du monde, sont apparus les Ventchanteurs, au nombre de douze, dont six mâles et six femelles. L’œuvre du monde, pour bien la comprendre, peut être comparée à un orchestre, soumis aux rythmes et aux règles du chef d’orchestre. Les spectateurs, eux, ne sont pas sur scène et ne sont pas soumis aux même règles que les musiciens qui eux font partie de l’orchestre. Assister et observer est leur seul destin, du moins, le croyaient-ils au tout début.

Au départ, les mélodies étaient simples, l’œuvre n’évoluait pas et les spectateurs pouvaient anticiper chaque note, chaque refrain. Après un long moment de ces mélodies aux éternels rythmes cycliques et redondants, les six Ventchanteurs en eurent assez et c’est à ce moment qu’eut lieu le premier sacrilège à la création. Les six Ventchanteurs intervinrent dans les mélodies de l’œuvre et y insérèrent une dissonance. Cette dissonance avait pour but d’introduire un déséquilibre dans les cycles des refrains et de mener à de nouvelles mélodies, inattendues, nouvelles. Cependant, la perte de cet équilibre, bien qu’elle apporta un renouveau et brisa les cycles, compromis l’immortalité de l’œuvre qui ne pourrait supporter le poids de cette dissonance éternellement. Comme tout cercle brisé en un point qui devient une ligne finie, cette dissonance annonça la fin des temps comme inévitable dans un futur encore très lointain.

C’est à ce moment que les six Ventchanteuses entrèrent en action. Pour elles, peu leurs importaient que l’œuvre n’ait pas de sens si elle n’évoluait pas, peu leur importaient que leur propre existence n’ait pas de sens si l’œuvre n’avait pas de fin. Pour elles, il était primordial de rester fidèle au rôle et au destin qui avait été fixé aux Ventchanteurs, ils se devaient d’assister et non pas d’altérer l’œuvre. Aussi tentèrent-elles d’éliminer les dissonances par tous les moyens, en en créant des nouvelles qui pourraient annuler les premières, en tentant d’orienter les mélodies vers les mélodies d’origines, même en intervenant directement en se joignant aux musiciens. Cependant, cinq des Venchanteurs refusèrent qu’on ne retourne aux cycles éternels des mélodies premières, ils affectionnaient même davantage l’œuvre depuis que leurs six consœurs tentaient de réparer les effets de leur intervention en intervenant elles-mêmes. Aussi, s’efforcèrent-ils à préserver les dissonances initiales.

L’histoire de notre monde est l’histoire de cette lutte, entre l’équilibre de la stabilité des cycles initiaux, et l’incertaine évolution des nouvelles mélodies. Cette lutte, c’est la lutte pour la survie des humains, l’élément qui déclencha l’évolution du monde et qui brisa les cycles éternels, la dissonance originelle. Les six Ventchanteurs rassemblèrent leur création humaine autours d’eux pour les protéger afin qu’ils poursuivent leur destinée. Ils devinrent ainsi, les cinq grands dieux aux multiples visages, qui guidèrent les humains depuis le début. Les six Ventchanteuses, elles, aussi connues sous le nom de Furies, tentent, depuis le premier âge des hommes, de les éliminer et de mettre fin au déséquilibre.

La Supra divinité, l’essence de la magie du monde réel et rationnel, la structure des lois physiques de l’Univers, est bien le chef d’orchestre, et aucun des musiciens originaux, c’est-à-dire les créatures intemporelles telles les elfes, n’échappent au destin qu’elle leur a assigné. Les races originelles sont les orques, les ogres, les nains, les elfes, les gobelins et les hobbits, alors que les humains sont les dissonances créées par les Ventchanteurs. Les Furies ont d’abord transformé une partie des elfes pour créer les elfes noirs et ont ensuite créé les drakons, afin d’éliminer les humains. Les démons, forgés à même les cauchemars des hommes, furent lancés à leurs trousses. Même les lycanthropes virent le jour dans les pires cauchemars des hommes, pour être ensuite matérialisés en créatures de chair et d’os par les Furies. Cauchemars ? Rêves ? Oui, car au-delà de l’œuvre, au-delà du monde réel, le monde des rêves et de l’irrationnel règne en absolu. C’est dans ce monde que siégeaient les Ventchanteurs en observateurs à l’origine, avant leur entré dans le monde réel lors de la création des hommes, et c’est là que demeurent à ce jour les Furies. Dans ce monde chaotique sans foi ni loi, les Furies observent, les Furies agissent, au cœur même de bien d’autres forces plus inconnues les unes que les autres… Ainsi, c’est grâce aux Ventchanteurs et aux Furies que le monde réel fut peuplé des créatures qui l’habitent.

Il était donc convenu que la création des hommes briserait le cycle éternel du monde et donc qu’un cycle brisé annonce nécessairement une fin, en l’occurrence la fin de la magie qui anime différents aspects du monde. Mais les humains ne sont pas la cause de cette fin de la magie, ils ne sont qu’une distorsion dans la mélodie de la vie. Mais comme tout ce qui se passe dans le monde réel fait parti du quasi infaillible plan de la Supra-Divinité, afin de pouvoir créer les hommes, les six Ventchanteurs durent sacrifier au monde six Anneaux contenant leurs vices respectifs : Les Anneaux du Vice des six divinités humaines. C’est ces anneaux qui permirent aux Ventchanteurs, jadis observateurs du monde réel de l’extérieur de celui-ci, de faire maintenant partie intégrante avec ce monde réel. C’est l’existence de ces Anneaux qui fit cadeau aux hommes de la liberté d’agir pour le bien ou pour le mal. Parce que les hommes ne furent créés directement par la Supra-Divinité, ils ne furent contraints à jouer une seule mélodie prédéfinis. Ils sont donc les créations sans destin prédéfinis, dont l’avenir ne repose que dans leurs gestes et actions totalement libérées de quelconques contraintes supérieures. Par opposé, l’elfe fut créé de façon à être fondamentalement bon et à agir en tant que gardien de la nature de la création de la Supra-Divinité, et il serait impossible d’agir autrement pour un elfe.

Ainsi donc, si la création des hommes annonçait une fin indéniable de la magie et que tout dans notre monde rationnel est régis par des lois logiques, c’est ces anneaux, créées en même temps que les hommes, qui devaient donc par définition servir un jour à amener la fin de la magie. Tout s’intègre en définitive à la métaphore de la mélodie. C’est bien des millénaires plus tard que ces Anneaux entrèrent en action en ayant l’opportunité de créer les vampires, dont la fonction fut de ramener la magie du monde à la Supra-Divinité jusqu’à sa disparition.

Il est impossible de croire que, même si le cycle de la mélodie du monde était au départ très monotone, la Supra divinité n’avait pas prévu un plan pour faire évoluer sa création. Ainsi, la Supra divinité a mis dans son monde ceux qui se nomment les élus, au nombre de un par race originelle en plus des humains, à mesure que ces races furent créées. Voyons ces élus comme les solistes de la mélodie, libres en partie de jouer la pièce comme ils se sentent inspirés, mais contraints à montrer l’exemple aux autre musiciens. Comme la Supra-divinité est l'essence de la magie, l'évolution de son monde est essentiellement basée sur l'évolution du taux de magie et de la magie elle-même. Les élus servaient donc à insérer de la magie dans le monde et leur moyen avait été de l'enseigner aux êtres les plus intelligents de chaque race. Ces apprentis devinrent plus tard les membres du Cercle d'Apogriphe, qui trahirent leurs maîtres au profit du pouvoir qu’ils pensaient pouvoir leur voler. Les vampires, par leur habileté à boire le sang, ont la possibilité de drainer la magie animant tout être vivant, rapportant celle-ci à la source qu’est la Supra-Divinité. Parce que la fonction des celle des élus, on appelle le tout premier vampire l'anti-élu. Son arrivée en ce monde annonce donc la fin de l’ère des élus et le début de la fin de la magie.

Cette fin de la magie annoncée n’est pas un événement ponctuel et unique. Depuis la création du monde, sans cesse, le taux de magie hausse et redescend, suivant sans cesse les mêmes principes de création chronologique. Chaque fois, les Ventchanteurs sont rappelés à observer, les créatures non humaines meurent et renaissent, la magie disparaît pour revenir graduellement avec l’arrivée de nouveaux élus. Ce cycle est éternel, sans fin, et chaque fin de la magie permet à la Supra-Divinité de faire une synthèse de son monde afin de le parfaire et de l’améliorer encore plus. Néanmoins, la fin de la magie cache une fonction d’autant plus importante. Pour les forces magiques qui forment notre monde réel ainsi que pour celles qui existent dans l’univers de rêves aux lois insaisissables, ce qui nous est étranger se doit d’être conquis et assimilé. Depuis l’aube de notre monde au milieu de cet univers inconnu, la magie du rationnel qui constitue notre monde est en opposition constante avec différentes forces de cet océan dénommé par les hommes le monde des rêves. Jalouses de l’œuvre, ces forces cherchent à modifier et à transformer notre monde, ce qui résulterait en des changements aux répercussions difficiles à connaître dans ce que sont les lois de notre monde rationnel, dans la nature même de la magie, et donc dans la nature de la Supra-Divinité. La seule manière qu’ont les forces magiques du monde des rêves pour agir sur notre monde réel, c’est de s’assurer que la magie rationnelle, qui tient les lois physiques de notre monde en place, soit supplantée en quantité par la magie du monde des rêves. Ainsi, depuis l’aube des temps, le monde des rêves tente d’envahir le monde réel avec sa magie irrationnelle, par l’insertion de créatures féeriques et cauchemardesques. Au moment exact où la quantité de magie qui servit à créer le monde réel ne sera plus majoritaire en notre monde, la Supra-Divinité perdra le contrôle et les règles logiques qui font que notre monde est monde s’écrouleront pour donner naissance à un nouveau système, la nature du monde aura ainsi été changée. En éliminant la présence magique globale dans son monde, la Supra-Divinité remet à zéro le processus d’invasion du monde des rêves et peut ainsi, par la suite, recommencer son œuvre du début. C’est l’arme ultime contre cet envahisseur inconnu. Ainsi est notre monde, ainsi il le sera toujours. Qu’adviendra-t-il si un jour les rêves prennent le dessus avant que la Supra-Divinité puisse se défendre ? Peut-être sera-t-elle vaincue et qu’à sa place siégera un nouveau maître d’orchestre…